mercredi, mai 13, 2009


Orgasme culinaire

Les rencontres ne se font jamais par hasard. Elles ont lieu un jour à un moment ou se révèlent parfois un peu plus tard. Elles sont faites pour toujours, celles de qualité j’entends. J’étais avec Alain Passard, il y a bien longtemps, canal du midi, une péniche pour week-end, des casse-croûtes - je vous laisse imaginer - comme carburant au fil de l’eau! L’Arpège, son restaurant, voguait déjà bien. Ses idées germées au fil d’une nature qu’il savait indispensable. Le temps passe. L’idée de Mon jardin pour la planète est née aussi avec lui et ses potagers. Une naissance entre plaisir, respect, rigueur, travail et passion car sans cette alchimie, il n’en est  rien. Retour à table, c’est là que les choses se remarquent, il faut savoir s’y tenir ! Un mardi parisien, rue de Varenne, l’Arpège est là, à l’angle de la rue de Bourgogne, les trois étoiles au Michelin l’habillent à merveille. Installé en salle je rentre dans les ordres; les ordres de la perfection avec comme religion l’excellence. Chaque plat n’est que le transfert de la création issu d’un potager et d’une relation intime d’un chef et  la cuisine. Il le sait, sans ses légumes, sa gestion rigoureuse, la culture naturelle de ses terres, il n’est peut être rien. Mais « le rien » n’existe pas. Il y avait tout dans cet après midi qui n’en finissait plus d’exciter mes papilles pourtant rodées aux délices d’une table. Certains sombrent dans la cuisine moléculaire, la cuisine de demain, la gargarisation culinaire, le facile et la prose de carte. Ici, c’est le légume en chef d’orchestre, la partition symphonique de cet art digestible est écrite par Passard. Il n’est pas seul. Un potager, des jardiniers, une équipe de salle, des cuisiniers, des produits d’exception, de l’amour, cet ensemble crée une recette unique, permettant à nos sens de s’évader en confiance. Du sur-mesure minuté. La rencontre avec sa table pouvait durer longtemps. Mais pour une fois la fin de cette agape est un début. Un début basé sur le durable, la beauté, le respect de la nature. Il rend au potager une beauté et une noblesse qu’il avait peut être perdue, c'est bien légitime, un tableau d’honneur que Passard écrit pour un sacré bout de temps. Un début je vous dis !